De ADL à YYZ

J’avais plein de petites anecdotes d’aéroport, mais rien pour écrire un roman. Alors je me suis amusée avec leurs codes. Et l’alphabet. Pour me rendre compte que seules les lettres J et Q étaient absentes de ma liste. Alors je me suis mise à rêver, à JKT, JRO, SJO ou QBC. Puis je suis retournée à mes souvenirs…

ADL : Atterrir dans ce pays 20 ans après l’avoir quitté, pour vivre une expérience professionnelle formidable, et retrouver de vieux amis le temps d’un après-midi parfait dans les vignobles de la région.

BKK: Avoir le choix, pour se rendre de l’aéroport au centre-ville, entre un taxi, un train plus cher et un qui coûte 50 cents. Choisir évidemment l’option la moins chère. Se retrouver assise sur un banc de bois bien droit, sous une chaleur impossible, entre des locaux qui transportent leurs poules. Se dire qu’on est bel et bien en Asie, et que ce sera toute qu’une première expérience.

CDG: Prévoir un déjeuner digne de cet été passé dans ce pays : une baguette de pain et une énorme bouteille de YOP aux fraises. Les mettre dans la pochette du haut de mon sac à dos pour y avoir accès facilement à l’aéroport. Enregistrer ses bagages, voir le sac partir sur le tapis roulant, et réaliser que le déjeuner est toujours dans le sac! Craindre pendant tout le vol que la bouteille de YOP éclate sous la pression. Finalement, retrouver sa famille après trois mois et les rejoindre avec une baguette de pain sous le bras, pour leur montrer qu’on s’était bien adaptées à la culture locale!

CDMX : Se réveiller à 4h du matin, et espérer de tout son cœur que la tempête de neige qui fait rage à la maison retardera notre vol de 24 heures. Car la journée était toute pensée ! Parc Chapultepec, restaurant Limosneros, et bien plus. On n’en avait pas eu assez de nos trois jours à découvrir cette formidable ville. Mais pour une fois, Air Canada était à l’heure, malgré la tempête !

CUN: Passer tous les bagages dans le détecteur, mais oublier d’y déposer la poupée que mademoiselle tient dans ses bras. Avoir assurément l’air de parents qui cacheraient de la drogue dans la poupée de leur enfant, car la sécurité a rapidement réagi, regards suspects inclus, pour rectifier la situation.

FCO : Atterrir sans savoir que je m’apprête à vivre un de mes plus beaux voyages, à manger, découvrir, mais surtout profiter de la vie pendant 10 jours, seule avec fiston.

FRA: Marcher pour se dégourdir les jambes entre deux vols. Mais marcher uniquement d’une toilette à une autre, car on revient de l’Inde!

HNL: L’avion y fait escale. Alors moi aussi! Prendre délibérément deux jours entre des vols, pour pouvoir aller à la plage et marcher sur un volcan dans cet endroit paradisiaque dont bien des gens rêvent.

ICN: Débarquer deux jours avant le début de la Coupe du monde de soccer. Sortir de l’avion et se faire accueillir par une foule de locaux qui nous remettent des petits ballons de soccer et autres produits dérivés. Ne pas oser leur dire qu’on est là que pour deux jours, et que nous quitterons donc au moment où la compétition débutera!

KEF: Acheter du chocolat, s’asseoir par terre et écouter Friends sur le Ipad en compagnie de ses deux meilleures amies, en attendant que le vent se calme et que les valises puissent sortir de l’avion. Non pas à 20, mais à 40 ans. Comble du non-stress pour les mamans que nous sommes!

KUL 1: Atterrir dans un champ de palmiers : une image qui me revient souvent en tête. Et repartir quelques jours plus tard en jetant, avant de passer les douanes, un sac ziploc rempli de grosses pilules oranges prescrites par un médecin, de crainte de se retrouver dans une prison malaisienne!

KUL 2: Se payer le luxe (une quarantaine de dollars) de réserver une chambre d’hôtel en attendant le prochain vol qui ne part que dans 7-8 heures. Dormir, écouter des vieux Friends à la télé, prendre une douche entre deux vols, à même l’aéroport. Luxe total de voyageur!

LAS: Trouver son siège dans l’avion et voir que le hublot est occupé par un monsieur en train de se décrotter les ongles d’orteils (beurk). Avoir un amoureux qui a la gentillesse (non!) de me laisser le siège du milieu pour que lui puisse étendre ses jambes dans le couloir!

LAX: Atterir au même moment où notre vol de correspondance décolle. Se faire aider par un employé dont le porte-nom indique ‘Jesus’, et ce, à quelques jours avant Noel. Ça ne s’invente pas.

LHR: Survivre à un vol de nuit vers l’Europe.  Mais ne pas savoir comment survivre sachant que le prochain vol vers le Cambodge sera deux fois plus long. Être en manque de sommeil et être incapable d’endurer son propre corps. Je me revois couchée à même le sol, les mollets et les pieds sur un banc de l’aéroport bondé. Aucun orgueil, je me fou totalement de ce que les autres peuvent en penser.  

LIR : Avoir deux enfants qui vomissent en même temps à peine une heure avant que notre vol décolle… et les enfants ont assez d’énergie pour se réjouir de leur synchronisme (les entendre crier dans l’aéroport : Hey maman, on a vomit en même temps!!) Misère…

MEL 1 : Revenir après cinq mois d’absence, et se retrouver dans la salle de fouille, où chaque mouchoirs (sales) se font ouvrir par les douaniers, les notes de mon calepin sont lues (en français par des douaniers australiens…) et où je devrai expliquer la recette d’escargots gratinés car les bols destinés à ce plat que j’ai apporté en cadeaux sont considérés comme suspects. Le tout à côté d’un sympathique Australien, saoul et nu-pied, qui crie à qui veut bien l’entendre que ce qu’il a dans sa valise et qu’il ramène de Paris, ‘It’s FROOOMAAAAGE’.

MEL 2: Passer les portes un 29 février poussée (car on ne voulait pas se quitter mais mon vol partait) par mon copain des deux dernières années et remplir de larmes le formulaire des douanes. On ne s’est jamais revus. Il fallait bien avoir une histoire d’amour dans une liste d’histoires d’aéroport.

OPO : Accéder à un ‘lounge’ d’aéroport pour la première fois en famille grâce à ma nouvelle carte de crédit. Voir tout le bonheur gourmand dans les yeux des enfants, malgré qu’il soit 5h du matin, lorsqu’ils aperçoivent le buffet (qui n’est pas si spectaculaire à mon avis, mais à volonté et gratuit!).

ORD : Se retrouver à ORD avec une collègue après de nombreux changements de vols et d’horaire. Avoir accumulée les t-shirts pour dormir faute d’avoir des bagages aux arrêts précédents. Décider de faire un ‘world t-shirt tour’ et de faire l’achat d’un énième t-shirt lors de cet arrêt, en espérant ne pas y passer la nuit! Rentrer à la maison avec un nouveau t-shirt de YYZ, PHL et ORD, et avec la COVID!

PDL : Atterrir dans un aéroport nommé en hommage à l’ancien pape Jean-Paul II, mais avoir une pensée bien spéciale pour mes deux Jean-Paul à moi, mon père et mon grand-père, tous deux décédés, qui auraient bien aimé cet endroit. Quitter les larmes aux yeux, en espérant de tout cœur revenir un jour dans ce magnifique paradis.

PHL : Atterrir 36 heures après avoir quitté mon point de départ, un trajet qui aurait pris huit heures en auto! Être passée par YOW, YYZ, YUL, être retournée à YYZ pour y passer la nuit. Avoir passé deux fois la douane américaine. Mais avoir surtout été complètement prise dans les déboires aéroportuaires de juin 2022. Et avoir reçu ma valise à l’hôtel alors que je faisais mon ‘check-out’ pour rentrer à la maison 38 heures plus tard!

PTY: Arriver à l’aéroport après une visite d’un site touristique où il n’y avait pas de restos. Avoir faim. Le terminal des vols intérieurs n’a qu’un petit comptoir café, et nous n’avons pas accès au terminal pour les vols internationaux. Se retrouver à manger un grilled-cheese et une frite au seul resto accessible. Se demander comment il est possible de ne pas réussir à faire un bon grilled-cheese et des frites à ce point!

SAN: Arriver trop tôt à l’aéroport, et donc avoir à marcher beaucoup et courir un peu pour épuiser fiston de deux ans et demi avant de prendre le vol. Tellement que plusieurs compagnons de voyage sur ce vol nous encourageaient et tapaient des mains à notre passage!

SYD : Quitter ce pays encore une fois, Vegemite et TimTams, bouteilles de vin et bottes UGG dans les bagages, après un séjour trop court, sans avoir pris le temps de voir certaines connaissances précieuses (travail oblige). Sur les télés du lounge de l’aéroport, les images annonçant la mort de Matthew Perry, le célèbre Chandler dans Friends, tourne en boucle. Je reviendrai, j’espère, avant ma propre mort!

TRN: Dormir dans la face d’une amie sur un banc, alors qu’on attend notre troisième amie qui nous rejoint en Europe pour un autre deux semaines d’aventure. Se réveiller et boire le meilleur chocolat du monde, comme seuls les Italiens savent en faire.

VCE : Apprendre en arrivant que le vol est en retard. En profiter pour manger une dernière gelato, une quatorzième en 10 jours, et la savourer pleinement!

YOW: Atterir du vol pris à SAN avec fiston qui s’est finalement endormi dans l’avion. Et qui, à 1h30 du matin, est bien réveillé en sortant de l’avion et qui chante à tue-tête ‘Au clair de la lune’ dans le passage menant de l’avion à l’aéroport, devant tous les autres passagers épuisés mais amusés.  

YYC : Avoir un escale de nuit dans un aéroport où il y a des hôtels à même l’aéroport, et un horaire de vol qui justifie la dépense. Débarquer de l’avion. Marcher jusqu’à l’hôtel. Dormir une nuit complète. Se réveiller. Marcher jusqu’à la porte d’embarquement pour le prochain vol, frais et dispo. Quel bonheur!

YYJ : S’y retrouver deux fois en six mois, et savoir qu’on y reviendra. Commencer à avoir ses repères. Acheter un aimant pour le frigo : un simple cœur coloré sur lequel il est écrit le nom de la ville. Parce que cette ville m’est rentrée dans le cœur lors de ma première visite d’une seule journée, à 14 ans. Plus de 30 ans plus tard, attendre l’embarquement avec comme fond sonore les cris et applaudissements à chaque but des Oilers lors de la rencontre numéro 4 de la finale de la Coupe Stanley contre la Floride. Du patriotisme à son meilleur !

YVR: Répondre au douanier que j’ai quitté le Canada il y a 24h à Ottawa, et que je suis de retour au pays pour prendre un vol pour le Vietnam. Puis me faire demander à la porte d’entrée de l’avion si j’avais changé de nom depuis ma réservation de billet. Billet que j’avais obtenu quelques heures plus tôt à LAX. Assurément les escales les plus farfelues que j’ai fait dans ma vie.

YYZ: Atterrir après un an passé en Australie. Voir ses deux meilleures amies dans la salle d’accueil des passagers. Parler tout le long de la route qui nous ramènera à Gatineau. Se coucher à l’aube pendant trois jours, les nuits étant réservées à faire la fête et reprendre les conversations manquées au cours de la dernière année. Définitivement mon atterrissage le plus festif!

Laisser un commentaire