J’ai rencontré Anne-Marie quelques jours après notre première rentrée au secondaire. En secondaire 4, Claudine m’a écrit une lettre alors que je passais trois mois à Vancouver en échange-étudiant. Ça a été le début de notre amitié, et de notre trio.
On a étudié au Cégep toutes les trois ensembles, et à notre deuxième année du Cégep, Claudine et moi avons participé à un échange étudiant de deux semaines en Italie. Anne-Marie nous a ensuite rejoint pour un autre deux semaines durant lesquelles on a vagabondé de la Côte d’Azur à Amsterdam, en passant par Paris et Bruges.

Quand je suis partie pour Banff quelques années plus tard, Anne-Marie était aussi du voyage. C’est aussi ces deux-là qui sont venues me chercher à l’aéroport de Toronto après ma première année en Australie, et ce retour a été marqué par quelques nuits sans sommeil. On fêtait les retrouvailles!
Les années ont passé et même si on a rarement habité toutes les trois dans la même ville, on est toujours restées proches. Et on s’est souvent dit qu’on ferait un voyage pour nos 40 ans (on est toutes les trois nées la même année, une en janvier, l’autre en mai et l’autre en novembre).
L’envie de faire ce voyage était au rendez-vous, mais trouver la destination semblait problématique. Las Vegas, Mexico City, Miami, La Havane, voyage de ski, Terre-Neuve, et même une fin de semaine au 10-30 ont été mis sur la liste! Trop chaud, trop froid, trop loin, trop pas cool, les arguments n’étaient ni très étoffés ni très contre-argumentés, on passait simplement à la prochaine option.
Jusqu’à temps qu’un soir Clau nous envoie un message contenant un seul mot sur Messenger : ‘Islande’
J’ai répondu ‘ok’.
Anne-Marie a répondu ‘ok’.
Et nous voilà décidées!
Il a fallu ensuite trouver des dates qui convenaient à toutes les trois… et aux sept enfants et trois chums que nous laissions à la maison! Partir une semaine semblait œuvre impossible. On s’est donc entendues pour un long weekend, en plein mois de février.
Nous avons été chanceuses, car la fameuse compagnie de vol à rabais pour l’Islande était toujours en fonction (elle a fait faillite quelques semaines après notre retour). Nous avons donc pu avoir des vols à moins de 300$ aller-retour. Oui le coût des bagages étaient exorbitants… On s’est donc arrangées pour avoir une seule et grosse valise. Vous auriez dû nous voir à l’aéroport en train de faire et défaire et peser la valise pour être certaines de ne pas payer d’excédents. Exactement comme quand on voyageait à 20 ans et que toutes les économies comptaient!
Un mois et demi avant le départ, on s’est réunies pour réserver le airbnb (une coquette petite maison sur deux étages, cachée de la rue), louer la voiture (la décision était prise, Anne-Marie serait notre conductrice désignée… Après tout, elle tient ce rôle à merveille depuis qu’on a 16 ans!) et réserver nos billets pour le fameux Blue Lagoon, le matin même de notre atterrissage. Et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé que mes dépenses de voyage étaient, pour une rare fois depuis longtemps, divisible par trois (ex : le cout du airbnb) plutôt que multipliable par 4 (ex : le cout des billets d’avion, tel que c’est le cas quand on voyage en famille). Les voyages entre amies avaient aussi un avantage financier!


Après une nuit blanche dans un avion donc les sièges laissaient très peu de place au confort, on a dû attendre une bonne heure si ce n’est pas plus pour voir notre valise arriver. Il ventait trop et ils étaient incapables de connecter l’avion à l’aéroport pour sortir les valises. On venait de laisser sept enfants derrière nous, alors on s’est achetées du chocolat, on a mis un épisode de Friends sur le Ipad, on s’est assises par terre et on a profité de la vie, en attendant que notre grosse valise nous rejoigne! Vraiment, il n’y avait aucun stress dans notre vie à ce moment-là!
Il fallait absolument se mettre quelque chose sous la dent après cette nuit blanche et avant d’aller au spa. Le soleil se levait sur des paysages plats mais enchanteurs, et le seul restaurant qui semblait ouvert à cette heure était un Subway. J’étais un peu déçue, moi qui aurais voulu un peu plus d’authenticité et de dépaysement… jusqu’à temps qu’on mette les pieds dans le restaurant et qu’on soit accueilli par un véritable Viking (Grand et costaud, cheveux longs et grosse barbe, un vrai Viking je vous dis), avec de la musique de Heavy Metal qui sortait à plein régime des haut-parleurs. Il n’y avait pas de doute, ce n’était pas un Subway comme les autres!


On a quitté Montréal le mercredi soir, pour y revenir le dimanche soir. Pendant ces quatre jours et trois nuits, on a flâné dans Reykjavik, on a dégusté un merveilleux souper de poisson au Bastard Brew and Food, joué aux fléchettes en buvant une bière au Den Danske Kro, on a pris la célèbre route du Cercle d’Or, on s’est laissé flotter dans le Fontana Spa en plus du Blue Lagoon, vu le fameux Geyser qui a donné son nom à tous les autres, on a failli partir au vent près de la cascade de Gullfoss, on a fait un tour guidé gratuit à pied de Reykjavik avec un guide super intéressant, visité le fameux marché aux puces du dimanche, on a fait un détour pour prendre un ‘Selfie à Selfoss’ simplement parce que le jeu de mots nous faisait rire, et on a cherché en vain le moyen de voir des aurores boréales.

On a aussi beaucoup, beaucoup ri, et beaucoup pleuré, chacune d’entre nous vivant toutes sortes de choses à ce moment-là. On aurait pu être n’importe où dans le monde, l’important était d’être ensemble. Mais les paysages inégalables de l’Islande, même en plein mois de février, ont inévitablement marqué ce voyage.
Extrait de ma page Facebook du 23 février 2019 :
‘C’est confirmé, à 40 ans ou presque, et après 25 ans d’amitié, on est encore capables de faire des roadtrips en chantant du Roxette à tue-tête, de ne pas dormir pendant plus de 24 heures, de pleurer et de rire dans la même conversation, et de boire juste assez pour avoir de méchants fous rires! On est aussi encore capables de faire du airguitar sur du Guns & Roses! Et d’avoir envie de recommencer pour nos 45 ans.’
Un avis sur « Islande entre amies – 40 ans, ça se fête! »