« Oui mais ça prend beaucoup d’argent pour faire tous ces beaux voyages. » Combien de fois les voyageurs l’ont entendu cette phrase là ? Effectivement, voyager n’est pas gratuit, mais il existe divers moyens d’y arriver, et il s’agit parfois de choisir ses priorités, que ce soit dans notre vie quotidienne (pour économiser) ou durant le voyage lui-même. Bien que j’ai l’impression que parler d’argent est encore un sujet tabou de nos jours, j’ai eu envie de partager certains de mes trucs, car non, je n’ai jamais gagné à la loterie moi non plus ! Bien sur, les trucs et astuces ont varié d’une époque à l’autre dans ma vie. Et étonnamment, les années durant lesquelles mon salaire était le plus petit sont les années durant lesquelles j’ai le plus voyagé.
À l’école secondaire et au Cégep: Profiter des programmes d’échange
Mon école participait au programme d’échange Québec-Canada, qui permettait à 2 ou 3 élèves de secondaire 4 ou 5 d’aller étudier trois mois dans une autre province, de septembre à décembre, et ensuite de recevoir son ‘jumeau’ à la maison de février à mai. Devinez qui a démontré son intérêt dès qu’elle est entrée en secondaire 3 ? Heureusement, mes parents étaient ouverts à l’idée d’héberger un étudiant pendant trois mois, et m’ont soutenu dans ce processus. Je me souviens encore du moment ou l’école m’a annoncé que j’avais été choisi, et que la ville avec laquelle j’étais jumelée était…Vancouver ! C’était en juin, j’étais en secondaire 3, et j’ai couru jusqu’à la salle des secondaires 5 (ou évidemment une petite jeune de secondaire 3 n’avait pas le droit d’entrer !) pour l’annoncer à mon frère. J’avais 14 ans et je partais vivre trois mois à Vancouver, le rêve total ! Côté finances, je ne peux confirmer s’il y avait des frais de cet échange, mais si oui ils devaient être assez minimes (merci papa et maman et programme d’échanges !). Ce dont je me rappelle par contre, est que mes parents m’envoyaient des sous de temps en temps, pour mes sorties, et c’était donc ma première expérience concrète de gestion d’un budget, avec les choix et les priorisations qui venaient avec. Je me souviens aussi des hauts et des bas d’être éloignée de ma famille et de mes amies pendant si longtemps, mais oh que j’ai appris beaucoup de choses durant cette période, à parler anglais d’abord, et à me débrouiller, m’adapter, aller à la rencontre des autres et des autres cultures, etc. Plus tard, au Cégep, j’ai aussi fait un échange de deux semaines en Italie. Vivre avec une famille italienne pendant 15 jours, ça ajoute inévitablement des souvenirs dans la tête pour le reste de sa vie, entre les repas gargantuesques, la mélodie du langage quand ils discutent en famille, les paysages à couper le souffle, les pizza et la gelato quotidiens, etc ! Pour les jeunes qui rêvent de voyager, les programmes d’échange sont sans aucune doute un bel endroit pour commencer. Le seul problème, c’est qu’ils auront probablement la piqûre et voudront assurément repartir par la suite!
À l’époque ou j’étais étudiante au Cégep et à l’Université
J’avais de grands rêves et je travaillais à temps partiel au McDo à moins de 6$ de l’heure. J’ai mis toutes mes payes de côté pendant trois mois, même quand mes amies allaient dépenser les leurs au centre d’achats. Dès que mon compte de banque a atteint environ 500$, j’ai acheté un billet d’avion pour aller passer dix jours à Paris et à Bruxelles avec mon amie Anne-Marie, durant la semaine de relâche d’automne du Cégep. Une fois le billet acheté, il me restait deux mois et demi pour économiser pour faire le voyage en tant que tel. Mais j’étais motivée plus que jamais. J’ai aussi convaincu ma mère que je pourrais être responsable du ménage de la maison à chaque semaine, en échange d’une petite contribution financière. L’été suivant, j’ai fait l’échange en Italie dont je parlais plus haut. J’en ai profité pour passer deux semaines de plus en Europe (tant qu’à y être déjà, le billet d’avion n’était pas plus cher). À l’époque, il était possible de voyager avec 50$ par jour en Europe, en allant dans les auberges, en cuisinant de temps en temps ou en mangeant des crêpes ou des sous-marins sur le pouce, et en se promenant à pied ou en train.
L’été qui a suivi ma première année d’université, j’ai pris un visa de travail pour aller travailler tout l’été à Nice et ainsi profiter de la Côte d’Azur et de ses environs. Devinez où j’ai trouvé facilement du boulot ? Et oui, au McDo ! Même chose quand je me suis retrouvée à Banff, en Alberta, quelques jours après le 11 septembre 2001…Les emplois se faisaient rares en raison de l’annulation de plusieurs conférences et de l’absence des touristes. Le cinéma et le McDo ont été mes deux gagne-pain, avant l’ouverture du centre de ski. Un autre visa de travail quelques années plus tard m’a permis de passer un an en Australie. Je me suis tenue loin du McDo cette fois, mais la restauration m’a définitivement permis de subsister. Les périodes entre deux emplois étaient des occasions de découvrir de nouveaux coins de l’Australie.
Comme nous habitions à Québec, j’ai eu la chance durant cette période de poursuivre mes études tout en habitant chez mes parents, ce qui a inévitablement aidé financièrement. Sans vouloir faire la promotion excessive du McDonalds, ce travail m’a permis de non seulement prendre congé quand je le voulais et d’avoir un emploi quand je revenais, mais ça m’a aussi donné l’assurance que peu importe où je me retrouverais dans le monde, j’aurais de bonnes chances de me trouver un emploi. La restauration, l’hôtellerie et les autres domaines du genre ont cet avantage d’être similaire ici comme ailleurs.
Tout comme les échanges étudiants, les visas de travail sont une autre avenue à regarder quand on est jeunes et qu’on rêve de voyager. Il y a les bourses d’études aussi. Lors de mon retour à l’université quelques années plus tard, j’ai réussi à mettre la main sur une bourse de l’ACDI pour un projet journalistique. S’en est résulté un mois au Cambodge à faire des rencontres inoubliables. Les collèges et universités ont souvent des listes de bourses disponibles, dans toutes sortes de domaines. La liste peut être longue à éplucher, et le processus de sélection ardu, mais le résultat en veut souvent la peine.
Comme jeune adulte…Avant l’arrivée des enfants
C’est le moment où il est le plus facile de partir, car on a encore une certaine liberté. Mais en même temps c’est à cette période de notre vie qu’on économise pour une maison, qu’on essaie d’établir notre carrière, qu’on doit s’acheter une voiture, etc.
C’est aussi à cette période que certains de nos amis ou membres de la famille s’établissent à l’étranger, et qu’il est intéressant de les visiter. Non seulement ça nous permet de passer du temps dans un contexte différent de l’habituel, de leur apporter des petits trucs de la maison dont ils s’ennuient (une petite canne de sirop d’érable ou un sachet de sauce St-Hubert peut faire sourire bien des Québécois expatriés !), en plus de faire en sorte qu’on soit héberger gratuitement, et qu’on découvre la ville d’un œil plus ‘local’.
J’ai eu la chance que mon frère travaille à divers endroits, et c’est grâce à lui que j’ai visité Paris, Londres et Las Vegas. C’est aussi la famille qui nous a permis de découvrir Stockholm et Copenhague. Et à mon tour, mes appartements, si petits étaient-ils, ont accueilli bien des amis à Nice, Banff et Melbourne, et ont permis à des Australiens de visiter la ville de Québec.
C’est donc le moment de faire aller nos contacts et de solliciter vos connaissances. Si ils ne peuvent vous héberger, ils pourront probablement vous mettre en contact avec des locaux ou vous donnez de précieux conseils. Mon voyage au Cambodge n’aurait pas été le même sans un ami qui m’a mis en contact avec une collègue, qui m’a ensuite mis en contact avec ma future coloc, une Allemande. Et un autre ami m’avait mis en contact avec des Cambodgiens dont la rencontre a été marquante.
Évidemment, tout ça doit se faire dans un esprit de respect et de réciprocité. Chacun a droit à ses limites d’espace et de temps et l’idée n’est pas de profiter de l’accueil, du frigo et de la gentillesse de nos hôtes trop longtemps !
Outre la possibilité de visiter des amis à l’étranger, la vingtaine est aussi l’occasion de vivre avec un minimum de choses. Non seulement on économise de l’argent, mais ce sera d’autant plus facile de partir en voyage si tout rentre dans un sac à dos !
Enfin, c’est aussi un bon moment pour faire des choix selon nos réels envies. Pour nous l’important est de partir longtemps ? Alors faudra peut-être mettre une croix sur les hôtels 5 étoiles. Au contraire, on rêve de déguster un repas dans un restaurant étoilé Michelin ? Il est alors possible de partir moins longtemps, mais de réaliser son rêve le plus fou.
Puis arrivent les enfants…
À l’été 2015, j’ai eu un petit down… Nos enfants avaient alors quatre ans et un an, et nous n’avions pas eu de projet de voyage, autre qu’un ‘tout-inclus’, depuis leur naissance. Mon amoureux travaillait sur le projet qui le faisant tant rêver, lui, et je voyais bien qu’il travaillait fort mais avec passion, pour réaliser son rêve de nous construire un refuge dans le bois. Et c’est là que j’ai pris conscience que si moi je rêvais d’aller à San Francisco ou ailleurs, c’était à moi de travailler fort pour y arriver. Personne ne me donnerait un billet d’avion sur un plateau d’argent. J’ai donc pris quelques actions concrètes qui nous ont ensuite permis en quelques années de partir en amoureux à San Francisco pour un long weekend, partir trois semaines au Mexique avec les enfants, puis d’aller à Paris, à Cuba, au Panama, en Islande et de voir des parcelles du Canada.
- Je me revois encore, en ce 1er janvier 2016, dans ma garde-robe, en train d’en faire l’inventaire. Une chemise blanche un peu défraichi prenait un nouvel air sur une petite robe noire trop chic pour être portée seule au boulot. Des pantalons oubliés dans le fond n’étaient pas si mal finalement avec ce chandail porté rarement, etc. Et c’est ainsi que je me suis créé du neuf avec du vieux, et ceci a fait passé ma folle envie de magasinage. Bref, conseil numéro un, se satisfaire de ce qu’on a est une bonne façon d’économiser. Surtout dans son garde-robe! Mais j’applique ce même principe un peu partout dans la maison. Nous mangeons tous les jours dans les assiettes que nous avons achetées en même temps que notre première maison, il y a plus de 15 ans. Est-ce que ça pourrait être agréable d’en avoir de nouvelles ? Peut-être. Mais elles sont encore belles et fonctionnelles alors pourquoi créer une dépense qui n’est pas nécessaire ? Nos verres sont dépareillés, nos serviettes de bain aussi. Mais nous sommes tout de même propres et abreuvés, c’est ce qui compte non ?
- En ce même mois de janvier 2016, j’ai pris une deuxième action concrète pour voyager davantage : j’ai ouvert un compte de banque dédié à mes rêves. J’ai fixé un montant qui serait transféré automatiquement dans ce compte chaque semaine. Aussi, quand je voyais qu’un petit 20$ ou un 50$ était disponible dans mon compte régulier, je le transférais à cet endroit. Depuis, ce compte est le barème qui m’indique si tel ou tel projet est réalisable, ou qui me permet d’évaluer rapidement combien de sous doivent être économisés pour qu’il le devienne.
- C’est aussi à ce moment-là que j’ai recommencé à visiter plus souvent la bibliothèque de mon quartier. Elle se trouve à peine à un kilomètre de distance de la maison, et son inventaire déborde de trouvailles auxquelles j’ai accès pour un minime frais d’abonnement annuel. Non seulement je peux y emprunter tous les romans que j’ai envie de lire, je peux aussi renouveler la bibliothèque des enfants, et accéder à pratiquement tous les livres de voyage qui existent. Je les emprunte souvent pour deux raisons : la première pour déterminer si tel ou tel endroit serait une bonne destination pour nous, et deuxièmement, une fois le pays visité choisi, pour évaluer lequel des guides de voyage répond le mieux à nos besoins du moment, et ensuite l’acheter si nécessaire.
- Récemment, j’ai découvert la communauté de ‘BuyNothing’, un groupe sur Facebook qui permet de ‘donner, recevoir, prêter, partager et remercier dans une économie hyperlocale du don’. Le principe est simple, on offre ce qui ne nous sert plus, et on commente ce qui nous fait envie, le tout dans un rayon d’environ 2 kilomètres. Je me suis inscrite dans le but d’offrir à des gens qui en avaient plus besoin que nous les jouets devenus trop petits pour les enfants. Mais je me suis retrouvé à découvrir toute une communauté, à offrir des tomates de jardin à une dame venue chercher une paire d’espadrilles devenues trop petites, mais aussi à recevoir, notamment un disque dur externe qui m’a permis de faire le ménage de mes photos, des chapeaux pour garder ma fille et moi à l’abri du soleil et se sentir à la plage, des gants de boxe roses pour me défouler sur notre punching bag, et bien plus. Bref BuyNothing est un autre moyen de donner, de recevoir (et donc d’économiser), le tout à proximité de chez soi.
- Limiter les sorties au resto : c’est généralement en voyage qu’on profite des sorties au restaurant. Ça nous permet de joindre l’utile (c’est-à-dire se nourrir en voyage) à l’agréable. Mais à la maison, c’est très rare qu’on mange au restaurant ou qu’on commande. Les produits sont plus abordables à l’épicerie, et on l’apprécie encore plus quand ça nous arrive, ici ou ailleurs. Même chose pour le petit café ou thé du matin, on le fait à la maison. C’est d’ailleurs le truc qui est souvent répété dans les articles à ce sujet. Les petites dépenses répétées au quotidien s’accumulent et font un bon montant à la fin de l’année.
- Finalement, j’ai toujours trouvé que c’était plus facile de mettre des sous de côté quand on avait un but en tête. En 2016, j’avais une folle envie d’aller à San Francisco en amoureux. J’ai donc établi un budget approximatif, et ça me permettait de savoir environ combien d’argent économiser. Il est impensable pour moi de partir en voyage sans que les sous soient en banque. Voyager à crédit ? Non merci. De un ça augmente le stress sur place, et de deux ça empêche d’économiser pour le prochain voyage une fois revenus ! En 2017, c’était le Mexique en famille dont je rêvais, et pour non pas une, mais bien trois semaines. Et ainsi de suite. Il devient alors beaucoup plus facile de dire non à une sortie au restaurant, ou à un nouveau vêtement qui nous fait de l’œil. Et c’est beaucoup plus excitant de savoir que le prochain resto ou le prochain vêtement sera acheté à San Francisco, en Italie ou ailleurs !