Je me considère chanceuse d’avoir vécu très peu de moments où je me suis sentie seule et/ou en danger lors de mes séjours à l’étranger. Surtout, j’ai été très chanceuse d’avoir peu de frousses causées par une rencontre avec un humain moins aimable. Une seule en fait, à Nice, tard dans la nuit, et heureusement ça a été une frousse minime rapidement résolue. Sinon, ce sont soit des malentendus, soit des phénomènes naturels ou des animaux qui ont été la cause de l’accélération des battements de mon cœur. Mais heureusement, à chaque fois, il y a eu plus de peur que de mal, et j’ai pu rapidement en rire par la suite.
Une heure de pointe dans le métro de Mexico City
C’était notre deuxième journée à Mexico City, et mon amie et moi pensions (à tort) avoir tout compris du système de métro de la ville. Nous l’avions pris sans problème la veille en après-midi, et à nouveau vers 22h, et étions grandement appréciative des deux wagons réservés aux femmes et enfants de moins de douze ans. Nous pensions donc faire la bonne chose quand le temps est venu de se déplacer, un mercredi matin vers 8h45, entre le quartier Historico et celui de Roma. Un petit 35 sous par billet, un transfert à effectuer dans trois stations, et le tour serait joué! Mais c’était sans réaliser qu’à cette heure, il y avait du monde, beaucoup de monde dans le métro.
Nous avons réussi à entrer dans le wagon, mais à chaque arrêt, nous étions repoussées un peu plus loin des portes. Quand est venu le temps pour nous de sortir du wagon, nous avons été prises dans une espèce d’entonnoir, au milieu de toutes ces femmes qui poussaient, à pleine charge, pour entrer dans le métro, tandis que d’autres poussaient, elles aussi à pleine charge, pour en sortir. Une vague humaine venant de part et d’autre, accompagnée de coups de poings dans le dos et d’une incompréhension de comment se sortir de là! J’ai réussi à mettre pied la première en-dehors du wagon, mais en me retournant, j’ai aperçu mon amie qui tirait comme on tire à la souque à la corde sur son petit sac à dos qu’elle portait pourtant en devanture quelques secondes plus tôt. Le sac était pris dans l’entonnoir, entre celles qui poussaient pour rentrer et nous qui voulions sortir. Il a fallu qu’une dame plus âgée crie quelque chose en espagnol pour que le sac se libère comme par magie, et que nous nous retrouvions sur le côté, à rire et pleurer en même temps, avec quelques douleurs au dos et le souffle court! Et aussi avec un nouveau respect énorme pour toutes ces femmes qui doivent composer avec cette marée humaine chaque matin pour ne pas être en retard au travail, et probablement à nouveau chaque soir.
Le courant du Gange
Nous avions décidé, mon amoureux et moi, de faire une excursion de rafting sur le Gange, en Inde. Nous nous sommes retrouvés dans ce bateau où le guide semblait certes expérimenté, mais où tous nos autres compagnons d’aventure étaient habillés plutôt chics, caméra à la main, souliers de cuir et bijoux nombreux, et ne démontraient pas de grandes aptitudes pour pagayer. Mais bon, on est tous embarqués sur le raft, et après avoir passé quelques rapides, notre guide nous a informé que c’était un bon moment pour sauter à l’eau, si le cœur nous en disait. Mon conjoint s’est empressé de suivre son conseil. Hop à l’eau… dans le Gange! Euh, pas sûre de vouloir sauter à mon tour!
Je me suis retrouvée à bord du raft avec ces gens qui ne savaient pas pagayer, alors je me suis dit, advienne que pourra, et j’ai sauté à mon tour. Et c’est là que je me suis rendue compte du courant, qui me poussait, et me poussait encore, et je voyais bien que je n’avais aucune capacité d’arrêter. Je sais nager mais je ne suis pas la personne la plus à l’aise dans l’eau, et plus le courant me poussait dans ce Gange réputé pour ses carcasses humaines et animales, plus la panique s’emparait de moi. Il faut croire que le non-verbal était assez puissant et que ma face en disait long car le guide, qui avait lui aussi sauter à l’eau et laisser le reste des pagayeurs dans le bateau, m’a fait un signe de me calmer, et m’a fait comprendre de me laisser flotter, que le courant s’apaiserait bientôt. Et ce fut bien le cas, quelques instants plus tard, instants qui m’ont paru tout de même bien long. Le fleuve a fini par me laisser reprendre mon souffle, et retrouver le raft. Quand quelqu’un me demande si j’ai peur de me baigner dans tel lac ou tel endroit, je réponds souvent que je me suis déjà baigné dans le Gange, et donc, vraiment, aucun cours d’eau ne pourrait me donner plus la frousse!
Soirée tardive à Nice
J’ai passé un été à Nice, quand j’avais 19 ans, et je travaillais au McDonalds du Cour Saleya, une formidable grande place où le marché matinal fait place à des restaurants en soirée, le tout à quelques minutes de marche de la célèbre Promenade des Anglais et de la plage de galets. Je travaillais souvent le ‘shift’ de soir/nuit, et donc on fermait le McDo vers 3 heures du matin, on prenait une longue pause pour manger ce qui restait (et profiter de la machine à Milkshake, miam!) et ensuite on faisait le ménage. J’habitais à 800 mètres du resto, sur une rue piétonne aussi connue qui s’appelle Massena. Habituellement, quand je quittais le resto vers 5 heures du matin, les rues étaient désertes et je rentrais chez nous sans problème. Mais un soir j’ai terminé un peu plus tôt, probablement vers 1 ou 2 heures du matin. Il y avait donc encore des gens dans la rue, et ces gens n’étaient pas toujours sympathiques. J’étais à mi-chemin vers mon appartement quand un gars m’a attrapé par le bras et m’a traité de ‘S*****’. Il serrait tout de même fort et je ne comprenais pas trop pourquoi il agissait ainsi. Fort heureusement, un de ses amis est arrivé et lui a dit de me laisser tranquille. Oh le soulagement. Je suis rentrée chez moi et j’étais en mode ‘solution’. Après en avoir discuté avec l’amie avec qui je passais l’été, on a décidé que notre meilleure façon de se sortir d’une telle situation, si elle se produisait à nouveau, était de trainer en tout temps avec nous l’outil dont on se servait très souvent cet été-là, mais à d’autres fins…un ouvre-bouteille! Et c’est ainsi que j’ai trainé pas mal partout avec moi, pour le reste de l’été, mon ouvre-bouteille! Fort pratique quand l’envie de boire une petite coupe de vin nous prenait, mais fort rassurant aussi de penser qu’un petit pic dans la cuisse pourrait me permettre de me déprendre d’une situation inconfortable! Heureusement, il n’a servi qu’à nous abreuver pour le reste de l’été!
De grosses pilules oranges dans un sac ziploc en Malaisie
J’ai quitté l’Australie un 29 février, en peine d’amour et solidement grippée. Mon billet d’avion faisait une escale en Malaisie, j’avais donc décidé de m’y attarder quelques jours, le temps de découvrir ce pays un peu. L’aéroport de Kuala Lumpur se trouve sur une ancienne plantation de palmiers, et l’atterrissage se fait dans une allée bordée de ces arbres majestueux, ce que j’ai toujours trouvé magique. J’avais décidé de me rendre sur l’île de Penang, à quelques heures d’autobus de la capitale, pour profiter de la plage et de la vie insulaire avant mon retour au Canada. Mon budget étant limité, je m’étais loué une petite chambre dans une auberge. Et je toussais, toussais. J’ai lu toute la section ‘maladies’ dans mon Lonely Planet, et j’ai eu la trouille qu’on me retrouve étouffée dans cette chambre minuscule sans fenêtre quelques jours trop tard! Fallait se rendre à l’évidence, j’avais probablement besoin d’antibiotiques. Je me suis donc rendue dans un bureau de médecin où heureusement, la docteure que j’ai rencontrée avait fait ses études en Grande-Bretagne et on pouvait donc communiquer en anglais. Je ne me souviens plus du diagnostic, mais je me souviens du sac ‘ziploc’ rempli d’énormes pilules oranges qu’elle m’a remise et que je devais prendre quelques fois par jour. Puis vint le temps de retourner prendre l’avion à destination de Paris où mon frère et ma cousine m’attendaient. Mais cela voulait dire passer les douanes malaisiennes avec un sac de pilules douteuses, sans prescription, dans un sac ziploc! J’ai donc pris la décision d’en avaler quelques-unes en mettant les pieds dans l’aéroport, j’ai jeté le sac à la poubelle, et j’ai passé les douanes le cœur léger. Je me suis endormie avant que l’avion ne décolle, pour me réveiller 13 heures plus tard, alors que l’avion atterrissait à Paris! Ce fut sans aucun doute mon meilleur vol à vie!
Macabre vision nocturne à Londres
Mon frère était à Londres quand le fameux bug de l’an 2000 devait se produire. Après avoir constaté que rien de spécial ne s’était passé pour débuter le siècle, j’ai décidé d’aller le rejoindre 18 jours à la fin février-début mars. J’avais 20 ans, lui 23. On est sortis à quelques reprises dans différents bars de la ville durant mon séjour, et comme deux jeunes adultes dignes de notre âge, nous sommes rentrés aux petites heures du matin. J’étais assise dans l’autobus qui nous ramenait à son appartement, il était assurément très tard dans la nuit, et probablement même très tôt le matin. J’avais la tête accotée sur la vitre de l’autobus, pensant me fermer les yeux quelques instants pour me reposer, mais mon regard a plutôt été attiré vers l’extérieur, où un policier était en train de dessiner sur l’asphalte une ligne blanche autour d’un corps (mort). Exactement comme dans les films! Frissons garantis. Puis je me rappelle de la voix de mon frère qui dit ‘Ne regarde pas, ne regarde pas’, et de l’autobus qui démarre pour débuter sa tournée. Une vision que je ne tiens pas à ravoir dans ma vie!
Une hache et une mangue au Cambodge
Je me trouvais au Cambodge, dans la ville de Kampot tout près duquel se trouve le parc national de Bokor. Comme je devais retour à Phnom Penh le soir même, le temps ne me permettait pas de me joindre à un groupe organisé pour visiter le parc, et je voulais vraiment y aller. J’ai donc fait appel à un chauffeur privé. C’est d’ailleurs cette même journée que j’ai fait la rencontre d’un singe aveugle qui mangeait des mangues (à lire ici). Mon guide était fort sympathique, et du haut des magnifiques montagnes, à un endroit où je ne comprends toujours pas comment il pouvait avoir du réseau cellulaire, il avait même réussi à me trouver un transport pour retourner dans la capitale. En fin de journée, sur le chemin du retour, il m’expliquait que des tigres vivaient toujours dans ces montagnes, et qu’il valait donc mieux ne pas s’y aventurer hors sentier. Puis il m’offrit une ou deux mangues, qu’il avait apportées. J’étais bien embêtée, avec ces mangues, assise dans la voiture, car évidemment je n’avais pas de couteau, ni l’habileté du singe aveugle, pour les apprêter. Mon chauffeur s’est ensuite mis à gigoter sur son siège, tout en conduisant sur cette route de montagnes sinueuses. Je voyais bien qu’il cherchait quelque chose sous son siège, mais j’ignorais quoi et j’aurais franchement préférée qu’il regarde la route. Jusqu’à temps qu’il sorte une hache, bien rouillée, et la dirige vers moi. Je me suis dit : ‘c’a y ait, j’ai le choix entre mourir égorgée à coup de hache, ou de me faire manger par des tigres en pleine forêt.’ Cette frousse a duré quelques secondes, et encore une fois mon non-verbal a dû parler car il m’a pointé la mangue en disant : ‘For the mango’. Ah! Il voulait que j’épluche la mangue avec une hache rouillée! Euh…’’Non merci’’ que je lui ai dit!
Des feux d’artifices à la verticale au Cambodge
J’ai rencontré des femmes inspirantes lors de mon séjour au Cambodge. Je passais mes journées entourées de Cambodgiennes, mais je partageais souvent mes soirées avec une gang d’expat venues de divers endroits sur la planète. Le parcours de tous ces gens me fascinait, et j’ai adoré apprendre de toutes celles qui remplissaient mes jours et mes soirées. Ma première soirée à Phnom Penh a été le théâtre de ma première frousse. En sortant d’un café internet d’où j’étais allée envoyer quelques courriels, j’ai réalisé qu’aucun lampadaire n’éclairait les rues (évidement) et bien qu’il soit à peine 18h, j’ai difficilement retrouvé le chemin de mon nouvel appartement dans cette noirceur totale. Un ou deux soirs plus tard, ma coloc m’a invitée à me joindre à une soirée chez des amies. Elle a fait signe à un chauffeur de moto, puis m’a invitée à prendre place derrière lui. Ce que j’ai fait, sans réaliser qu’elle embarquerait ensuite derrière moi! Deuxième frousse cambodgienne : une randonnée à trois adultes sur une moto! Mais c’est en sortant danser un soir, sur un bateau transformé en bar, que j’ai vraiment eu la frousse : des gens avaient décidé d’éclairer la nuit par des feux d’artifices. Mais clairement ils ne savaient pas comment le faire de façon sécuritaire. Et les feux d’artifices sont partis à la verticale, vers les danseurs qui se trouvaient sur le bateau, plutôt que dans le ciel. Ouf, que je suis sortie vite de cet endroit, et je n’y ai jamais remis les pieds! Surtout que ce n’était pas la première fois que je voyais ce genre de choses. Sur la grande place de Copenhague, un 31 décembre quelques années plus tôt, mon amoureux et moi dégustions notre Carlsberg avec des centaines de Danois quand des artificiers improvisés ont sortis les feux d’artifices de leur sac à dos, pour les lancer un peu partout. Nous avions là aussi déguerpi assez rapidement!
Un indésirable sur le bateau en Australie
J’ai une frousse énorme des serpents. En fait c’est une vraie phobie. Juste écrire le mot me donne des frissons. Voir une photo fait battre mon cœur à un rythme inégalé. Si je fais un cauchemar, il y en a assurément un dedans. Bref, j’évite tout ce qui pourrait en inclure, des visites au zoo tout comme les documentaires sur l’Amazonie! Mais mon rêve de vivre en Australie était plus fort que ma phobie, et heureusement, malgré les histoires d’horreurs entendues dans ce pays où ils sont somme toute fréquents, mes rencontres avec eux se sont limitées à deux. La première fois, le dit animal avait eu la mauvaise idée de s’aventurer dans le garage de la famille où j’habitais, et il a rapidement rencontré une pelle. Il était donc bien accroché à la clôture quand je suis rentrée à la maison, et j’ai pu l’éviter!
Puis vint un autre jour, où je voyageais seule dans l’état du Queensland et j’avais décidé de participer à une excursion dans les mangroves. Une marche dans la forêt était suivie d’une balade en bateau. Nous devions être une vingtaine de touristes sur le bateau et (heureusement) j’avais eu le réflexe de m’asseoir sur l’un des bancs à l’avant. Le conducteur du bateau, qui était notre guide pour cette aventure et qui naviguait de l’arrière du bateau, nous explique alors que la rivière sur laquelle nous nous trouvons est remplie de crocodiles, et donc que toute tentative de rentrer à la nage serait, disons-le, mortelle. Puis il nous demande de regarder les arbres qui longent la berge de part et d’autre de la rivière et d’essayer de trouver des reptiles qui auraient pu se dissimuler entre leurs branches grâce à leur pouvoir de camouflage. Nul besoin de vous dire que je ne cherchais pas beaucoup. Mais mes compagnons de fortune eux semblaient emballés par cette chasse au trésor, et ils y allaient de ‘là, je crois en voir un’ joyeux et excités. Et c’est alors que le guide et conducteur du bateau nia leur découverte, en disant : ‘non, ce n’en est pas un… mais ceci en est bel et bien un’ et sortit du même coup une bête énorme du sac qui trainait à ses pieds depuis le début de notre randonnée sur ce bateau. Je suis devenue blanche d’un coup, je me suis accrochée à la rampe qui me retenait de sauter à l’eau. En sandwich entre des crocodiles et ma plus grosse phobie, voilà comment je me sentais, avec le cœur qui débattait à tout rompe. Fort heureusement la dite bête a été lancée par-dessus bord rapidement et est allée rejoindre le milieu naturel dans lequel est aurait dû rester de toute façon!
Un avis sur « Mes frousses autour du monde »