J’aime l’Asie. J’ai l’impression que c’est l’endroit dans le monde où je suis pleinement consciente que je suis en vie. Rien n’est acquis, rien n’est habituel. Chaque mouvement doit être pensé (traverser la rue est un vrai casse-tête), chaque repas est une dégustation, chaque achat est une négociation, chaque regard a un lourd passé ou une histoire touchante à raconter.
Le Cambodge n’a pas fait exception. C’était en 2008, et j’ai eu la chance inouïe d’avoir une bourse pour terminer mon diplôme universitaire là-bas.
J’ai visité Tuol Sleng, l’école secondaire qui a connu une transformation morbide et qui est aujourd’hui mieux connu sous le nom de Prison S-21. J’ai marché dans des plantations de café où je devais absolument rester sur les sentiers de craintes de marcher sur une mine anti-personnelle toujours présente dans les champs. J’ai rencontré une femme médecin qui avait appris à lire et écrire grâce à l’entêtement de son père qui lui enseignait cachés et à la lueur d’une chandelle, malgré le risque des conséquences graves, puisque l’enseignement était interdit. J’ai interviewé des femmes atteintes du sida qui travaillaient dans une usine qui leur permettait de prendre du temps sur les heures de travail afin d’aller suivre leur traitement. J’ai côtoyé une personne transgenre qui était pleinement intégrée dans le groupe de collègues que nous étions.
J’y ai vu la misère et la beauté, le sourire inoubliable de tous ses Cambodgiennes et Cambodgiens dont la résilience m’a tout simplement rentrée dedans. Mon séjour a duré un mois; j’étais partie seule, mais j’ai été si bien accueilli par des locaux et des expats que j’avais je ne me suis sentie seule.
Je me suis promenée dans les dédalles du marché de Phnom Penh, j’ai fait des tours de moto, à 2 ou à 3! Je me suis levée aux aurores, sous les conseils de mon chauffeur/guide, pour me rendre en moto à Angkor Vat avant le lever du soleil. Malheureusement mon guide ne pouvait m’accompagner sur le site, et c’est toute seule, dans le noir, que j’ai marché vers ce majestueux monument, pour le voir apparaître enfin en même temps que le soleil se levait.
J’ai mangé un succulent crabe, eu quelques frousses, et une drôle de rencontre animale. J’ai compté les dodos jusqu’à mon retour malgré le fait d’être bien consciente de ma chance d’être là-bas.
Ça demeure un des endroits où je sens que je dois y retourner un jour, en espérant pouvoir y amener mon chum et mes enfants, pour qu’ils aient aux aussi la chance de découvrir ce pays, mais surtout de côtoyer ses habitants.





