Les Australiens possèdent un don particulier pour organiser des BBQ comme nulle part ailleurs, et je me souviendrai toujours de ces soirées entre amis ou famille où les plats de salades, les plateaux de fruits et les viandes sont un véritable festin.
Je me souviendrai toujours aussi de ma première ‘batch’ de sauce à spaghetti, que j’ai cuisinée dans mon appartement de Banff parce que mes amis venaient passer leurs vacances de Noël dans ‘l’Ouest’ avec moi. Je n’oublierai pas non plus ma première dinde cuisinée lors du weekend de l’Action de Grâce, toujours à Banff, et autour de laquelle des Canadiens francophones et anglophones, des Australiens et des Anglais se sont réunis pour partager un repas loin de leur famille, mais entourés de nouveaux amis.
Certains repas sont définitivement plus mémorables que d’autres, parfois en raison du goût (bon ou mauvais!), parfois en raison de ceux et celles avec qui on le partage, et parfois parce que le contexte est simplement inoubliable.
Vancouver
J’avais 14 ans et je vivais avec une famille à Vancouver pour trois mois. J’avoue que j’étais assez difficile au niveau alimentaire, et la famille où je vivais avait des habitudes culinaires fort différentes de la mienne. Me voilà donc toute heureuse un certain soir quand un beau gros pâté chinois est déposé sur la table ; enfin un met connu et agréable en bouche. Je prends donc la cuillère de service et me sers deux bonnes cuillerées…avant de regarder mon assiette et d’y apercevoir de petites boules vertes… Quoi ?! Non ! Impossible ! Le blé d’inde avait été remplacé par des pois verts…un petit légume somme toute inoffensif mais qui évidemment ne figurait pas sur ma liste d’aliments appréciés. Quelle déception en voyant mon assiette. Je l’ai mangé de travers ce faux pâté chinois. Vingt-cinq ans plus tard, je me vois encore assise au bout de la table, et ma face devait en dire bien long !
Gastronomie à l’italienne
C’était ma première soirée dans le Val d’Aoste, cette région au nord de l’Italie avec laquelle mon Cégep avait été jumelé pour un échange de deux semaines. Je me retrouvais donc dans cette famille italienne qui parlait un peu français, pour ce premier souper. On s’est assis tous ensemble dans la salle à manger du grand appartement, et le plat de pâtes est arrivé. Miam que c’était bon. Puis ils ont débarrassé les assiettes… Et c’est là que j’ai vu arriver le reste du repas ! Un énorme rôti, des légumes et autres accompagnements déposés au centre de la table. Évidemment je n’avais plus faim après l’assiette de pâtes que je croyais être le repas principal. Je ne me souviens même plus quel était le dessert ou s’il y en avait un. Mais je me souviens que durant les deux semaines qui ont suivi, les soirs où on mangeait à la maison, la mère de famille se contentait de me préparer…un plat de pâtes seulement ! Cela faisait bien mon affaire, et maintenant que je suis mère à mon tour, je me doute bien que cela faisait la sienne aussi !
Crabe en sauce au Cambodge
C’était une chaude journée d’avril , comme toutes les autres journées du mois que j’ai passé au Cambodge. J’étais à Kampot, une ville connue pour ses champs de poivre, et son marché aux crabes. L’hôtel où je logeais dans une petite maison dans les arbres m’avait trouvé un chauffeur disponible pour la journée, et un casque pour partir à l’aventure en moto. Après la visite des champs de poivre, nous sommes arrêtés dans un petit restaurant au bord de l’eau où les crabes se faisaient pêcher au fur et à mesure que les clients les commandaient. J’ai commandé un crabe à la sauce aux poivres, et mon accompagnateur a fait de même. Et il est arrivé, ce beau crabe frais, bien en sauce devant moi. Mais comment on mange ça, un crabe bien saucé ? Hum, ne sachant trop par où commencer, je me suis levée la tête et j’ai vu mon guide attaqué son assiette avec ses dix doigts, la sauce coulant à la fois sur ses mains et son menton. Et je me suis dit que comme au Cambodge, on fait comme les Cambodgiens ! Je me suis lancée à l’assaut de mon crabe, qui fut de loin le meilleur que j’ai mangé de ma vie.

Séoul… Premier contact avec l’Asie
L’idée de départ était de partir de Banff, où j’avais rencontré mon amoureux de l’époque, arrêter en Thaïlande une dizaine de jours pour visiter Bangkok et Phuket, puis rentrer chez lui en Australie. Mais le billet d’avion qu’on avait trouvé faisait un arrêt de 48 heures à Séoul. Séoul ?! Cool !! Mais on n’avait pas réalisé qu’on y serait pendant les 48h qui précédait l’ouverture de la Coupe du Monde de Soccer, qui se déroulait cette année-là en Corée et au Japon. Plutôt excitant comme ambiance sur place, mais trouver un hébergement abordable s’est avéré plutôt compliqué. C’est ainsi qu’on s’est retrouvés à dormir ‘chez l’habitant’. J’en suis alors à mon premier contact avec l’Asie, et mes papilles gustatives n’ont pas encore développé leur intérêt envers cette cuisine qu’aujourd’hui j’apprécie énormément.
Le premier midi, je suis ravie de voir sur le menu du restaurant où nous nous sommes arrêtés une salade (mon repas par excellence !). Mais quand elle arrive à ma table, je vois que sur le dessus de la dite salade, une belle sauce rouge a été déposée, et quand je lui goûte, les larmes me montent aux yeux tellement elle est épicée ! Les employés du restaurant voient bien que j’hésite, et ils gesticulent pour me faire comprendre de mélanger la vinaigrette avec le reste des légumes . Je n’ose pas, c’est beaucoup trop épicé. Je me revois encore, assis sur la banquette de ce restaurant très éclairé, à picosser dans mon assiette et à essayer d’attraper avec mes baguettes tout ce qui se trouve autour, à côté ou sous la vinaigrette !
Le lendemain matin, on a l’occasion de discuter un peu plus avec le couple qui nous accueille dans son appartement. La dame est agente de voyage et elle nous a préparé de succulentes crêpes. Je me pose alors la question quant à savoir si les Coréens mangent réellement des crêpes pour déjeuner ou si elle est simplement habituée d’accueillir des étrangers peu habitués à la cuisine locale. La réponse vient assez vite quand le couple nous rejoint à la table avec leur propre déjeuner, dans lequel je suis pas mal certaine de voir que des choses qui ressemblent à des vers ou des insectes bougent ! Je n’ai jamais été aussi reconnaissante d’avoir des crêpes dans mon assiette !
Paris…Pierrade et fondues
De nombreuses histoires liées à la nourriture me viennent en tête quand je pense à Paris. Mais deux ont été particulièrement gourmandes. En 2003, j’étais en route pour mon deuxième séjour en Australie, et mon frère habitait alors à Paris. J’ai donc acheté un billet d’avion qui me permettait de passer quelques jours avec lui. Ma grand-mère Françoise, qui trouvait ça génial que mon frère et moi nous retrouvions à Paris ensemble, m’a donné un chèque de 100$ avant mon départ, ‘pour que nous nous payions un bon souper’. Mon budget pour mes voyages précédents en Europe était de 50$ par jour, repas, hébergement, transport et activités inclus…alors imaginez le festin pour 100$ ! On a longtemps hésité, mon frère et moi, pour choisir le bon endroit. Et on s’est retrouvés, dans un quartier touristique certes, mais ô combien agréable, assis sur une banquette vieillotte à déguster viande et légumes sur une pierrade, avec un verre de vin pris à la santé de notre chère Françoise. Le ventre bien plein en sortant du restaurant, mais voulant faire honneur à la gourmandise de notre famille, nous nous sommes dit qu’après tout, il nous restait encore un petit peu de sous…et nous nous sommes commandés une merveilleuse crêpe au chocolat noir que nous avons mangé en marchant dans les rues parisiennes en cette soirée de fin d’octobre.

15 ans plus tard, il était près de 21h30, un dimanche soir de la fin janvier, quand mon amoureux, un couple d’amis et moi nous sommes pointés à la porte de ce petit restaurant situé près du centre Georges-Pompidou. La personne qui nous a accueilli nous a demandé de bien vouloir patienter à l’extérieur le temps qu’une table se libère. Nous avons attendu dans le froid pendant plusieurs longues minutes, impatients d’enfin s’asseoir à l’une des tables du rez-de-chaussée que nous avions entrevues en ouvrant la porte du restaurant. Mais quand est venu le temps de nous donner notre table, le serveur nous a plutôt dirigé vers le bas des escaliers, où nous attendait une voûte en pierre qui pouvait accueillir une table de quatre et une table de deux personnes. C’est dans ce décor enchanteur que la fondue au fromage, la fondue à la viande et la fondue au chocolat se sont succédées, chaque fois accompagnées d’une bonne bouteille, avec un service et une conversation que seuls les Français savent offrir. Nous reprenions l’avion le lendemain matin, et malgré une visite tard dans la nuit au grand air pour voir la Tour Eiffel s’illuminer, nos vêtements sentaient encore l’odeur typique de la fondue quand nous sommes rentrés à la maison ! Mais quelle soirée formidable nous avons vécue!
Panama
Nous avons adoré nos 15 jours en famille au Panama, et nous avons souvent cuisiné, mais avons aussi eu la chance de déguster quelques repas mémorables dans les restaurants, parfois pour de moins bonnes raisons (un surplus d’ail dans la sauce à pizza le soir du 1er janvier nous reste encore en bouche !). Mon repas préféré était au restaurant Coleos, à Venao, un petit village sur le bord du Pacifique. On y a mangé des bols d’hummus garnis de falafel ou de poulet, avec les pains naan, l’huile et les épices et tout plein de choses qui goûtaient délicieusement bonnes.
Mon fils lui, a préféré le restaurant Colibri, à Boquete, une ville où la température est juste ‘parfaite’. Nous sommes arrivés là tard en fin de journée, après un diner exécrable à l’aéroport de Panama City (le choix était limité dans le terminal destiné aux vols intérieurs, mais c’est quand même dommage que même un grilled-cheese et une frite n’aient pas passé le test du bon goût !). Après s’être installés dans notre AirBnb, nous sommes partis à pied, malgré la noirceur, en espérant trouver un restaurant familial ouvert en ce dimanche soir. Et le premier sur lequel nous sommes tombés avait une table de libre, offrait des options sans gluten et apparemment, aux dires de fiston qui nous en parle encore trois ans plus tard, la sauce au piment rouge qui accompagnait le poulet n’a jamais encore été égalée !
Mexique : Patate-patate-viande
Petite anecdote enfantine : C’est dans un tout-inclus au Mexique, alors que fiston venait d’avoir quatre ans, que nous avons réalisé que nous avions réussi à inculquer au moins une minime partie du guide alimentaire à notre progéniture. Nous avions décidé de souper au restaurant ‘chic’ de l’hôtel, qui était d’ailleurs excellent. Nous avions commandé le repas pour enfant, et quelle ne fut pas la réaction de fiston quand il a vu que sa viande était non seulement accompagnée de patates pilées, mais aussi de patates frites. De cette soirée est née la fameuse phrase dont on rit encore : ‘Patate-Patate-Viande ?’ dite avec toute la surprise et l’interrogation dans les yeux que seul un petit garçon de 4 ans peut avoir, en se demandant par quel heureux hasard aucun légume n’apparaissait dans son assiette ! Et depuis, je me fais répondre régulièrement ‘maman, des frites, c’est des légumes!’…
Merci pour ces merveilleux récits. J’apprécie à 100% les anecdotes et je reconnais l’épicurienne en toi. Je lis tes blogs avec plaisir.
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