L’Inde…10 ans à en rêver

J’ai acheté le Lonely Planet de l’Inde en 1999. En 2004, lors de la toute première soirée où j’ai rencontré mon chum, je lui ai dit qu’un jour j’irais en Inde. Il m’a répondu que j’irais sans lui. Bon. Au moins ça avait le mérite d’être clair!

Cinq ans plus tard, il est arrivé un jour à la maison en disant : ‘J’ai vu des billets d’avion pas chers pour l’Inde, ça te tentes-tu?’. Euh, qu’est-ce que t’en pense, ça fait 10 ans que j’en rêve!

Le lendemain on demandait un mois de congé à nos patrons respectifs, et deux mois plus tard on prenait l’avion pour quatre semaines d’aventures. On est revenus avec plusieurs kilos en moins, mais avec des images plein la tête. On s’est baignés dans le Gange (oui oui, lors d’une randonnée de rafting avec plein d’Indiens habillés chics!), on a participé à une cérémonie avec un point dans le front, on a bu une bière bien tiède dans le désert à côté d’une chamelle prénommée Nala, on a marché dans le fameux temple qui rend hommage à des milliers de rats, et j’ai eu d’incroyables frissons devant l’immensité du Taj Mahal.  J’espère y retourner un jour… mais je ne crois pas réussir à convaincre mon chum de m’accompagner une deuxième fois!

Quoi raconter d’autre, plus de 12 ans après ce voyage d’un mois pour lequel encore à ce jour je ne trouve pas les bons qualificatifs. Marquant? Assurément, l’Inde ne peut être autrement que marquant! Fabuleux? Probablement à certains égards, pour d’autres aspects moins!

J’ai eu l’idée de fouiller dans mes vieux écrits. Hotmail a heureusement conservé mes courriels envoyés depuis 2007. Mis bout à bout, les courriels que j’ai envoyés à ma famille et mes amis durant ces 30 jours totalisent neuf pages. Je partage donc ici des morceaux choisis (légèrement édités et fautes en moins!) de ces correspondances écrites directement de l’Inde. La température était assurément au cœur de mes préoccupations!

Avant le départ, courriel écrit à un ami :

‘J’ai la chienne de partir! J’ai réalisé hier soir, alors qu’il ne restait plus que quatre dodos avant le départ, dans quelle merde je m’étais foutu! Il y a une crise de chaleur en Inde à l’heure actuelle, Mumbai n’est pas si mal avec une moyenne de 33 degrés, mais il fait en moyenne 45 à Delhi et même chose à Jaipur, une ville que j’aimerais vraiment visiter, avec des températures autour de 34 degrés la nuit! Qu’est-ce que je m’en vais foutre là?’

Premières impressions :

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‘Nous avons passé les trois premiers jours à Mumbai (anciennement Bombay), une ville de 15 millions d’habitants où il semble avoir assez de lits pour 8 millions… Les autres sont couchés un peu partout. Et comme l’Inde est un des rares pays où les hommes sont plus nombreux que les femmes, je suis souvent la seule représentante de sexe féminin dans les restos et ailleurs…
La chaleur et la nourriture épicée des premiers jours ont eu quelques effets, dont celui de nous faire dormir beaucoup et d’abaisser nos réserves d’immodium!’

À propos de la chaleur et de la pollution :
‘Il fait toujours aussi chaud, c’est incroyable! On a passé plus de temps à dormir (à l’air climatisée!) qu’à visiter la ville, la chaleur nous assomme! Ce soir, on a eu droit à de la pluie, ce qui a eu l’avantage d’abaisser un peu la température mais en revenant à l’hôtel, on s’est rendu compte à quel point la ville est polluée… mon t-shirt blanc est noir à chaque endroit où une goutte de pluie est tombée!’

‘Tout va bien, mais il fait chaud en tab… incroyable! Je passe mes journées le t-shirt tout mouillé et les pantalons qui collent, c’est déguelasse!’’

‘Selon le thermomètre intégré dans mon réveille-matin, il faisait 36 degrés à l’ombre, et 47,5 degrés au soleil (en fait, j’ai enlevé mon réveille-matin du soleil de peur qu’il explose!), et ce, à 10h30 du matin, dans une ville située à 356 mètres d’altitude aux portes de l’Himalaya. Imaginez comment c’était en plein désert!’

Rencontres animalières :
‘Nous voilà rendu à Udaipur, une petite ville aux allures européennes. Les vaches et les ânes partagent la route avec les autos, motos, rickshaws et autres. Alors que nous étions en taxi entre l’aéroport et la ville et que je me disais qu’on ne se rendrait jamais à l’hôtel vivant, une énorme paire de fesses est apparue dans le pare-brise… elle appartenait à un éléphant qui se promenait dans les rues. Impatient, notre chauffeur a bien évidemment décidé de le dépasser (je vous rappelle que les rues sont très étroites).Je n’avais qu’à sortir la main pour donner une petite tape sur les fesses ou tirer l’oreille de Dumbo!’
‘Les aventures animalières se poursuivent. D’abord, je suis entrée en collision avec le chargement d’un âne. Je devais passer à travers un troupeau d’ânes qui se promenaient dans la rue et j’avais bien calculé mes distances entre les têtes des animaux, sans penser qu’il y avait moins d’espace à la hauteur de leur postérieur en raison de leur chargement sur leur dos. Résultat, un beau bleu sur la cuisse. A Jodhpur, un cheval a tenté de prendre une bouchée de mon bras, mais j’ai réagi à temps et m’en suis sortie avec un bras plein de bave et de poils! Enfin, à Delhi, j’ai reçu un coup de queue de vache sur le bras, mais comme elles sont sacrées, je me suis dit que ça pouvait porter chance!
Heureusement, là où ça comptait le plus, les animaux ont été coopératifs! D’abord en chameaux, où nous avons opté pour une randonnée de quelques heures si bien organisée que lors de l’arrêt dans les dunes de sable pour admirer le coucher de soleil, un villageois sorti de nulle part est arrivé en courant pour nous vendre… de la bonne bière température du désert! L’occasion était trop belle pour refuser une bière tablette!
Ensuite, nous avons visité le fameux temple aux rats, sacré pour les Indiens. La légende veut que les enfants d’une certaine caste se réincarnent en rats et c’est pourquoi on les vénère. C’est donc un temple rempli de rats (et on doit enlever nos souliers avant d’entrer!) et parait-il que si un rat marche sur votre pied, c’est signe de chance… Heureusement, on n’a pas été chanceux cette journée-là! De plus, les Indiens doivent tremper leur doit dans l’énorme bassin de lait où sont attablés les rats pour ensuite porter leur doigt à leur bouche! Mais la plupart d’entre eux se contentent de porter leur doigt à leur front.’

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Hébergements marquants :
‘Nous voici à Jodhpur, la fameuse cité bleue de l’Inde (les façades des maisons sont peintes en bleues). Nous sommes arrivés hier après plusieurs heures de route ponctuées par deux arrêts dans des temples superbes et un fort où se trouve la 2e plus grande muraille du monde après la muraille de Chine. Nous avons déniché un hôtel cinq étoiles avec piscine et service hors pair pour l’équivalent de 30$ la nuit, plutôt que l’habituel 75$ la nuit. Ce matin, comme l’internet de l’hôtel ne fonctionnait pas, le proprio nous a invité dans sa demeure personnelle pour qu’on utilise son ordi. L’internet ne marchait pas non plus mais sa maison valait le détour.’
 
‘Nous sommes à Jaisalmer, dans le désert de Thar, la plus grosse ville avant la frontière pour le Pakistan. Nous habitons dans un palace avec piscine gigantesque (quoiqu’un peu visqueuse). Dans notre chambre, nous avons un lit king, une balançoire double, un frigidaire et un coin repos a même le sol avec coussin et tapis. Le tout pour 45$ la nuit puisque nous sommes en basse saison. Terrasse sur le toit pour voir le coucher de soleil sur le fort.’ 

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Moi en attraction touristique

‘Nous nous trouvons présentement au fort de Jodhpur, avec une vue incroyable sur la ville et où les Indiens et Indiennes et les enfants semblent plus intéressés à me fixer qu’à regarder les attractions touristiques. En fait, je suis devenue l’attraction touristique. J’ignore si c’est parce que je suis blanche (ou plutôt rouge en raison du soleil), grande, ou parce que je porte des pantalons de style Aladin acheté ici et qui, je crois, sont normalement portés par les hommes mais chose certaine, je ne passe pas inaperçue!

Rishikesh, mon coup de coeur
‘Nous voilà a Rishikesh, ville rendue célèbre par les Beatles, eux qui ont séjourné ici pendant deux mois dans les années 60 en compagnie de leur gourou. C’est aujourd’hui la cité du yoga et des médecines douces. Nous sommes donc ici pour retrouver notre côté zen! Mais aussi parce que la ville se trouve aux portes du Gange (le célèbre fleuve indien) et des montagnes de l’Himalaya. La vue de notre balcon est incroyable. C’est ici la saison morte côté tourisme occidental, mais la haute saison pour ce qui est du tourisme indien.’

Agra, mon rêve, ma frustration
‘’Nous n’avons pas chômé au cours des derniers jours. D’abord, un petit 24 heures à Agra, où se trouve le fameux Taj Mahal. C’est une ville où les chauffeurs de ricksaws (petits véhicules grâce auxquels tout le monde se déplace) acceptent de négocier leur prix, mais plus le prix baisse, plus ils augmentent le nombre de magasins dans lesquels ils veulent nous amener… et là, bien entendu, ils touchent une commission, même si on n’achète rien. Comme nous étions là que pour quelques heures, que nous devions trouver un billet de train pour quitter cette ville (et croyez-moi, le processus d’achat d’un billet de train est assez complexe) et que nous voulions visiter le Taj, j’en avais rien à foutre de leur magasin. J’ai donc dû menacer le chauffeur de ne pas le payer s’ils ne nous amenaient pas directement à l’hotel. Mon chum me trouvait bien drôle, le chauffeur pas du tout!’’
 
Sortie en rafting et baignade dans le Gange
‘Vendredi matin, nous sommes en route pour quelques heures de rafting, moi assise avec les femmes sur la banquette arrière, mon chum dans la boite du camion avec les hommes, sur une route en construction bordée d’un ravin. Chacun de notre côté, nous sommes convaincus qu’ils ne nous ont pas mis dans le bon groupe et que nous nous en allons faire on-ne-sait quoi d’autre que du rafting. Voyez-vous, nos compagnons de voyage, tous Indiens, avaient revêtus leurs beaux habits du dimanche: pantalon propre et souliers de cuir pour messieurs, sans oublier cellulaire, camera-vidéo, portefeuille en cuir.., et habits traditionnels pour mesdames assortis de bijoux en or, boucle d’oreille, bracelets, etc. Nous nous retrouvons finalement sur le bord de l’eau et une fois que nos guides ont soigneusement gonflé le raft avec une pompe manuelle (!), tous et toutes prennent place à bord, en prenant bien soin de nettoyer leur place un peu sablonneuse en versant de l’eau de leur bouteille d’eau! Pagaie en main, veste de flottaison sur le dos et petit casque sur la tête, on avait vraiment tous l’air d’une bande de joyeux lurons! Et je peux vous dire qu’après les premiers rapides de niveau 3, leurs souliers de cuir et leurs beaux habits étaient complètement détrempés!
Les guides nous avaient assis, mon amoureux et moi, en avant du bateau, espérant probablement qu’on sache pagayer! Quand on nous a proposé d’aller faire une petite baignade dans le Gange, ce fameux fleuve sacré brun où flottent carcasses d’animaux et d’humains, on n’a pas hésité à plonger. Rassurez-vous, nous étions au début du fleuve, et donc pas de carcasses en vue, seulement de la belle eau brune! Avec le courant, il a fallu un petit bout de temps avant que le bateau nous rejoigne, les occupants restés à bord n’ayant pas un très bon coup de pagaie!  J’ai tout de même eu une petite frousse, mais on a ri un coup, le paysage était superbe et on s’est baigné dans le Gange!’

Cérémonie religieuse à Haridwar
‘Le lendemain, nous nous sommes retrouvés à Haridwar, une ville sacrée où les Indiens vont en pèlerinage. Des dizaines et des dizaines de milliers de personnes se rassemblent sur le bord du Gange. Assis sur des couvertures métalliques aux effigies de M&M et autres vendues au coût de 5 roupies (12,5 cents), ils patientent pendant une heure ou deux en faisant des prières ou en répondant aux cris de ralliement. Vers 19h30, une cérémonie débute, alors qu’on allume de gros lampions. Ça dure environ cinq minutes, puis tout le monde se lève et s’en va!
Rares occidentaux sur place (nous avons vu quatre autres « blancs »), nous ne passions bien évidemment pas inaperçus! Entre deux poignées de main et des sourires, une adolescente est venue me voir pour prendre une photo avec elle et son amie. Quand je lui ai dit que je la lui enverrais, elle m’a sauté dans les bras! Son père a alors entrepris de m’écrire sur un bout de papier son adresse, que j’espérais électronique, mais non, c’est une bonne vieille adresse postale indienne! On verra si la photo se rend. Enfin, comble de l’intégration, une petite fille nous a dessiné, en échange de quelques roupies, le fameux troisième oeil, ce point rouge dans le front. Comme en Chine on fait comme les Chinois, munis de notre troisième oeil, on s’est acheté une couverture métallique, on s’est assis sur le bord du Gange, aussitôt rejoint sur notre couverte par une famille indienne, et on a répondu aux cris de ralliement!’’

La fin
‘’Il ne nous reste plus qu’une journée en Inde! Départ demain soir, à 2h du matin. Un arrêt est prévu a Francfort, puis direction Ottawa. Nous avons très hâte de retrouver notre lit et de cuisiner notre propre nourriture, mais reprendre la routine est quelque chose qui ne nous tente pas vraiment! Par contre, nous avons vécu un mois incroyable et découvert un pays où les extrêmes se côtoient. Et la fraicheur du Québec sera bienvenue après ce mois à suer! ’’

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