Les Rocheuses, entre l’Alberta et la Colombie-Britannique

Ce projet a commencé tout bonnement quelques jours après être revenus de notre voyage en Colombie-Britannique en mars dernier. Une amie me dit que les billets d’avion pour Calgary ne sont pas chers. Oh oh, il ne faut pas me dire ce genre d’information, ça me met dans le trouble à chaque fois! Il est 22h et la vente se termine à minuit. Mais quelle vente! 450$, vol direct, pour 4 personnes, aller-retour. 450$ pour amener les enfants voir les Rocheuses? On sort le calendrier scolaire pour l’année à venir, on trouve une journée pédagogique, on clique, et c’est acheté! On est début mars et on part un long week-end en septembre. Yeah!

Quand j’annonce notre achat aux enfants le lendemain matin, ma fille se met à pleurer à chaudes larmes. Et elle pleure et pleure encore. «Coudonc, elle n’a pas aimé notre dernier voyage?», que je me demande. Entre deux reniflements et débordements de larmes, elle finit par me dire «Moi, je veux juste retourner à Whistler. Pas ailleurs.» C’est vrai que notre journée de ski à Whistler a été magique (mais à quel prix!) et non, nous n’y retournerons pas à chaque année! Ben coudonc, les Rocheuses auront de la compétition!

Puis entre temps, il y a eu le printemps, puis un voyage rocambolesque pour le travail à Philadelphie qui m’a fait perdre un peu confiance dans les compagnies aériennes et la gestion aéroportuaire. Puis la Covid qui m’a frappée assez solidement, puis la rentrée scolaire et les nez qui coulent qui viennent avec. Bref, jusqu’à la dernière minute, je n’étais pas convaincu que ce séjour dans les Rocheuses se concrétiserait. J’ai même annulé à quelques jours du départ l’adorable AirBnb que j’avais loué à Golden car je ne croyais pas qu’on serait assez en santé pour faire le voyage.

Puis Boum! Le jour du départ est arrivé. Les nez ont cessé de couler, le vol était à l’heure et oh bonheur! Le AirBnb dont on rêvait et qu’on avait annulé était encore disponible.

Voici donc le récit de nos 5 nuits et 4 jours à la découverte des Rocheuses et des Selkirk, entre l’Alberta et la Colombie-Britannique.

Jeudi : Arrivée à Calgary en fin de soirée, alors qu’il est déjà minuit heure du Québec. Notre choix d’hôtel s’est arrêté sur le Royal Hotel Calgary, situé à une quinzaine de minutes en taxi de l’aéroport. Son prix était raisonnable mais surtout, un bureau de location de voiture Avis se trouve dans l’hôtel, et la location coûtait la moitié du prix que la même voiture louée de l’aéroport. Bonus, un déjeuner copieux de style buffet était inclus, au grand plaisir des enfants.

Vendredi : Nous prenons possession de la voiture à 8h et on rit car la plaque d’immatriculation vient de la Saskatchewan. Une belle façon de continuer d’expliquer la géographie des provinces de l’Ouest aux enfants. Ventres remplis et clé d’auto en main, c’est un départ, direction Banff et Mount Norquay. J’y ai travaillé en 2001-2002, et je n’y ai jamais remis les pieds depuis. Le chalet du centre de ski n’a pas changé, et la chaise devant la caisse de la cafétéria où je m’assoyais pour faire payer les repas des clients et collègues est toujours à la même place! L’ascension vers le sommet du Mount Norquay en téléchaises et un diner au resto du sommet nous tente, mais nous optons plutôt pour aller passer quelques heures en ville.

Nous partageons un délicieux diner dans un resto grec (toujours gagnants les restos grecs dans notre famille : ça comble l’amour de la viande de certains, mon besoin de manger sans gluten, et le plaisir de s’échanger ou de partager les accompagnements). J’en profite ensuite pour faire une visite ‘historique’ des endroits où j’ai habité et travaillé il y a 20 ans, dont le magasin de bonbons et le cinéma. Le resto où on achetait à l’époque des pointes de pizza à la sortie des bars est toujours là aussi. Tout comme le Sundance Mall qui est toujours un peu mal famé, mais qui était fort pratique au début des années 2000 car c’est là que se trouvait le café internet où on se rendait une fois par semaine pour lire et écrire des courriels. C’était assurément une autre époque!

Les enfants repus par une queue de castor, et les parents revigorés par un café et un chai latte, nous reprenons la route, direction Field. C’est là que se trouve le centre des visiteurs du Parc national Yoho, dont je rêve depuis des mois. Nous passons devant le village du Lac Louise mais la route est fermée en raison de l’achalandage, et les navettes sont déjà remplies. Ce n’est pas grave, nous reviendrons lundi.

Après s’être munis d’une carte des sentiers au centre des visiteurs, nous reprenons la route vers Golden. Il est 16h30 et une pancarte nous indique la route vers le Lac Emerald. Le lac de mes rêves. On prévoit y revenir très tôt le lendemain matin, car le stationnement se remplit vite. Mais comme nous y sommes maintenant, nous décidons de bifurquer et d’aller y jeter un coup d’œil. Et le coup de cœur arrive. Ce lac turquoise majestueux est devant nous, et des espaces de stationnement sont disponibles. Selon ma lecture rapide de la carte, le tour du lac correspond à 1,6km. Facile que je me dis. Et hop on s’élance tous les quatre… Pour se rendre compte une heure et demi plus tard que nos montres indiquent plutôt 5km! Ce n’est pas bien grave, il est 18h30 et il fait encore clair. Et la randonnée nous a permis d’admirer le lac sous tous ses angles. Mais leçon apprise pour les prochains jours, assurons-nous de bien lire les cartes et de bien évaluer les distances avant de s’élancer!

Notre lieu d’hébergement pour les trois prochains jours se trouve dans la ville de Golden, située en Colombie-Britannique. Notre choix s’y est arrêté en raison de son emplacement central : à environ 45-60 minutes de route se trouvent à l’est le Parc national Yoho, à l’ouest le Parc national des Glaciers, et vers le sud le Parc national Kootenay. Nous étions indécis quant aux randonnées à faire, cet emplacement nous convient donc. Et c’est honnêtement un petit bonheur de se poser la question chaque soir : toi, demain, veux-tu aller voir des chutes, des glaciers ou des sources thermales?

Après une visite à l’épicerie, un bon souper de pâtes et un plan de match pour le lunch du lendemain, je me couche comblée et fascinée de vivre ce voyage. Honnêtement, ce séjour aurait pu se terminer après cette première journée et j’aurais été heureuse. Alors imaginez le bonheur de vivre les journées à venir.

Samedi : Comme nous avons vu le lac Emerald la veille, nous optons pour aller explorer le Parc national des Glaciers. Une randonnée de 8km classée ‘modéré’ de par son élévation totale de 300 mètres nous fait de l’œil. Le sentier s’appelle le ‘Great Glacier’, on se dit que ce sera tout à fait approprié pour découvrir ce qui a donné son nom à ce parc.

Le choix d’aller dans cette direction est aussi stratégique et nous aide à gérer notre fatigue. Car bien que la ville de Golden où nous avons dormi soit située en Colombie-Britannique, elle vit à l’heure de l’Alberta (moins deux heures par rapport au Québec). Toutefois, le début du sentier de la randonnée qu’on a choisi se trouve à proximité du col Rogers (mieux connu sous son nom anglais de Rogers Pass), qui vit à l’heure de la Colombie-Britannique (moins trois heures par rapport au Québec). Comme nous devons attendre l’ouverture du centre des visiteurs pour se procurer notre laissez-passer pour la journée, cette petite heure de différence nous donne l’occasion de laisser dormir les enfants un peu plus longtemps, et de partir tous les quatre de bonne humeur.

La route jusqu’au centre des visiteurs de Rogers Pass nous prend environ une heure. On suit un beau Westfalia (mon rêve!) et chacun des paysages rencontrés nous fait éclater de rire d’étonnement, ou nous fait écarquiller les yeux. Les nuages et les montagnes, qui sont maintenant en vérité les Selkirk et non plus les Rocheuses, se partagent l’horizon, et nous apprendrons plus tard que nous avons droit aux premières neiges de la saison, qui éblouissent encore plus les montagnes de leur blancheur.

La randonnée vers le sommet du sentier nous prend environ deux heures, et heureusement nous sommes habillés en ‘pelures d’oignon’ car le soleil est au rendez-vous, et le sentier monte et monte par endroit. Arrivés au bout du sentier, c’est un moment de calme et de pur bonheur qui nous assaille. La vue est majestueuse de tous côtés. Nous mangeons notre lunch les yeux écarquillés, réalisant à quel point on est chanceux d’être là, seuls tous les quatre. Et seuls nous le resterons pendant environ une heure. Au moment où on remet notre sac sur notre dos pour entamer notre descente, un groupe d’amis arrive, puis un couple, puis un autre groupe et ainsi de suite. Notre ‘timing’ était de toute évidence parfait!

La descente se fait dans le plaisir, et nous nous arrêtons à nouveau au centre des visiteurs de Rogers Pass pour en apprendre un peu plus sur l’histoire de la région. Nous rentrons à notre AirBnb les jambes fatiguées mais heureux, non pas avant de s’être arrêtés à l’épicerie pour acheter de bons steaks de l’Alberta et des petits drinks, sachant qu’un seul nous suffira ce soir! La bière locale que j’achète à mon amoureux est d’ailleurs parfaite pour l’occasion…

Dimanche : Aujourd’hui, c’est le Parc national Yoho qui nous attend. Et je l’attendais depuis longtemps celui-là! Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais une attirance inexplicable envers ce parc. Peut-être le nom, que je trouve simplement sympathique, et qui en réalité veut dire ‘respect’ ou ‘étonnement’ en langue Crie. C’est donc très excités que nous sommes partis à la découverte de ses chutes. D’abord les Takakkaw Falls, hautes de 254 mètres et accessibles facilement car situées à environ un kilomètre d’un stationnement. En langue Crie, Takakkaw signifie ‘c’est merveilleux’. Quatre ou cinq kilomètres plus loin, sur un sentier assez plat mais encore une fois entourés de montagnes et d’un paysage sublime, nous attendent les Laughing Falls, fort jolies, ainsi que la rivière Yoho au bord de laquelle nous nous sommes assis pour manger notre diner.

Sur le chemin du retour, une petite pancarte avec une flèche attire notre attention. Duchesnay Lake se trouve dans cette direction apparemment. Et quelques dizaines de mètres plus loin, on se retrouve sur un lac semi-asséché, dans un paysage semi-désertique et magnifique. C’est là que fiston nous a pris en photo… et qu’il ne nous a pas écouté quand on lui a dit de ne pas prendre juste nos pieds!

Après 12 kilomètres de marche, on aurait crû que nos enfants s’endormiraient en rentrant dans la voiture. Mais non, ils en redemandent! On décide donc de les emmener au Golden Sky Bridge, là où se trouve le plus haut pont suspendu au Canada. En fait il y en a deux, et donc une fois le premier passé (ouf!), on n’a pas le choix de prendre le deuxième pour revenir à la voiture. Toute une gamme d’activités se trouvent également sur le site, allant d’un parc pour enfants au lancer de la hache, tyrolienne, etc, et l’endroit est encore en développement donc d’autres s’ajouteront dans les années à venir. On décide de payer le prix de base qui inclut seulement l’accès aux ponts et au parc pour enfants (et c’est déjà assez dispendieux). J’avoue ne pas avoir regardé en bas lors de mes traversées, mais tout le reste de la famille semble y avoir pris plaisir.

Pour la troisième fois en autant de soirs, nous rentrons ‘à la maison’ affamés et heureux de notre journée.

Lundi : Après avoir dit au revoir à notre adorable logement, nous nous dirigeons à nouveau vers le Parc national Yoho, cette fois pour aller voir les Chutes Wapta. Une petite randonnée de 5km aller-retour sur un sentier somme toute facile. Mais quelles chutes! Il est possible de s’y approcher suffisamment pour être mouillés, et c’est là que le fou rire nous prend, à tenter de prendre un selfie familial malgré le bruit des chutes, les roches glissantes et l’eau qui nous assaille. Le soleil plombe et forme avec les chutes un arc-en-ciel. Un autre moment magique de notre voyage.

On doit maintenant reprendre la route vers Calgary. Mais pas avant d’essayer d’aller voir le Lac Louise, et encore mieux, le Lac Moraine. On s’enligne pour se rendre au centre de ski du Lac Louise, en espérant qu’il restera de la place pour nous dans une des navettes qui pourraient nous amener voir ces lacs. Mais à notre arrivée au village, la barrière vers le stationnement du Lac Louise est ouverte, signe qu’on peut s’y rendre en voiture. On s’élance donc sur la route. La barrière vers le Lac Moraine est baissée, signe que le stationnement est plein, mais bon, au moins nous pourrons montrer le fameux Lac Louise aux enfants. Bien qu’après notre merveilleuse visite au Lac Emerald le Lac Louise nous apparait fort achalandé, nous sommes tout de même contents de notre arrêt. Puis la pluie se met de la partie, et c’est finalement dans la voiture que nous mangerons notre picnic.

Mais la pluie aura cet avantage sur notre journée : le stationnement du Lac Moraine se vide et c’est une barrière ouverte qui se présente devant nous à notre départ du Lac Louise. À nous le Lac Moraine! Et c’est là que la pluie se transforme en neige, et malgré les nuages qui nous empêchent de voir les fameuses montagnes sœurs, si belles qu’elles ont été imprimées sur les billets de 20 dollars pendant des années, le lac et le moment demeurent majestueux. Un petit chocolat chaud plus tard et quelques souvenirs achetés, nous reprenons la route vers Calgary, pour une dernière expérience albertaine (et une promesse faite aux enfants si la journée se déroulait bien) : un souper dans un ‘vrai’ Steakhouse, pour manger du fameux bœuf de l’Alberta! Et on se gâte : les assiettes de filet mignon, de surf and turf et de crème brûlée se vident en un rien de temps.

Un dernier dodo en sol albertain, avant de reprendre l’avion le lendemain et rentrer à la maison reprendre la routine automnale.

Pour une prochaine fois : Il y a tant à voir dans cette région que nous rêvons déjà d’y retourner. Et sur notre liste des endroits à voir, notons entre autres le Lac Peyto, la route vers Jasper, Revelstoke, les Sources thermales de Radium et le Parc national Kootenay. Sans oublier le fameux Lac O’Hara, à la fois si populaire mais si nécessiteux d’être protégé que seules quelques dizaines de personnes y sont admis chaque jour. Et un jour j’espère être de ce nombre!

En rafale (souvenirs de ce voyage)

Dans nos oreilles : FouKi, Les Cowboys Fringants, The Lumineers, The National Parks (oui, un groupe de musique porte ce nom!), etc. Un mix rassemblant les chansons préférées de RoadTrip des quatre membres de la famille nous a accompagné dans la découverte des Rocheuses. Et évidemment, It’s my Life, de Bon Jovi, était de la partie, tout comme cette chanson l’était quand j’ai traversé le Canada en 2001 pour me rendre à Banff!

En lecture : Lors d’un voyage à San Francisco, j’avais acheté la version originale du manuscrit de On the Road, le grand classique de Jack Kerouac, mais le livre patientait depuis quelques années dans ma bibliothèque. Je me suis dit que c’était l’occasion idéale pour le lire. Et ce l’était, avec comme seul défi que le livre n’a ni paragraphe, ni chapitre. Harry Potter, ainsi que Lucie la mouffette qui pète chez les achigans tannants ont aussi été lus pendant ce voyage.

Côté bagages : Je n’aime pas beaucoup payer pour amener nos valises dans l’avion, et donc on voyage souvent léger. Cette fois, on est partis avec trois ‘carry-on’. Un des trois était un sac à dos qu’on a ensuite utilisé pour transporter notre eau et nourriture pendant nos randonnées. Nous avions aussi chacun un petit sac à dos (considéré comme ‘bagage à main’), et nous en avons trainé deux des trois en randonnées.

Meilleur achat : Un magasin SmartWool se trouve à Banff, marque dont nous apprécions la qualité (mais dont nous consommons à petite dose en raison du prix!). Nous nous sommes acheté chacun une paire de bas de randonnée en mérino lors de nos quelques heures passées à Banff. Ils nous ont gardé les pieds au sec pendant notre séjour, et leurs jolis couleurs et motifs en font un beau souvenir qui sera utilisé lors des journées de ski, les matchs de hockey, les sorties de jogging, etc.

La prochaine fois j’apporterai : Les propriétaires de chiens les appellent communément les ‘sacs à caca’ et ceux-ci se retrouvent un peu partout dans les poches de manteau. Un de ces rouleaux a fait le voyage avec nous sans qu’on le prévoit, et s’est avéré fort pratique pour ramener nos déchets lors des randonnées! Compact et ‘subtil’, voilà un item que nous rapporterons assurément avec nous, même quand le chien ne nous accompagne pas!

2 commentaires sur « Les Rocheuses, entre l’Alberta et la Colombie-Britannique »

  1. Allo Dominique, Toujours intéressant de te lire… Tu as le talent d’organiser de beaux voyages en famille… On peut dire que tu sais te retourner sur un trente sous…. C’est touchant de lire comment la vie est belle lorsque vous vous retrouvez ensemble tous les quatre… Je te souhaite que les joies du voyage continuent encore longtemps pour toi et les tiens… T’embrasse et au plaisir, 🌺 Envoyé de mon iPad

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  2. Récit agréable à lire. Il m’a rappelé un périple, familial aussi, à Golden dans une maison privée. Nous avions fait de la rando dans les environs et même une via ferrata à Revelstoke si ma mémoire est. Les produits de la brasserie Whitetooth sont toujours prêts après ce genre d’efforts!

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